Histoire

 

Localisation géographique et toponymie

C’est sur la rive gauche de la Vezouze, non loin de la confluence avec la Voise, qu’il faut chercher les prémices d’une implantation humaine sur le territoire de Blâmont. Cette villa s’organise autour de l’église paroissiale dédiée à Saint-Maurice d’Agaune. Son toponyme, Giroville, ainsi que la dédicace de l’église font vraisemblablement remonter l’apparition du peuplement à l’époque carolingienne, bien que le premier acte mentionnant son existence ne date que de 1138.

Aux origines…

L’abbaye alsacienne d’Huguesheim détient une partie du ban puis la région passe aux mains de la maison de Bar-Montbéliard dès le XIème siècle (mention en 1085).

Dans la première moitié du XIIème siècle, l’union d’Agnès de Bar-Langstein et d’Hermann II seigneur de Salm-en-Ardenne (1111-1138) donne naissance au lignage des comtes de Salm-en-Vosges.
Le comte de Salm installe alors sur la rive droite de la Vezouze un lignage de chevaliers vassaux qui commence sans doute l’édification d’un donjon fortifié à la fin du XIIème siècle afin de contrôler le passage dans la vallée. La population quitte alors Giroville, traverse la Vezouze et fonde un nouveau village appelé Blanc Mont à cause de l’affleurement de calcaire blanc sur lequel le château se construit.

La création du comté de Blâmont

Vers 1220, Henri II comte de Salm accorde en apanage à son fils cadet Ferri la terre de Blâmont et les villages d’Aménoncourt, Autrepierre, Barbas, Blemerey, Chazelles, Domèvre, Domjevin, Frémonville, Halloville, Gondrexon, Igney, Leintrey, Reillon, Remoncourt et Repaix. Ceci ne devient effectif qu’à la mort d’Henri. Mais Ferri, jeune homme fougueux et impatient, chasse son père du territoire de Blâmont et s’oppose ensuite à son neveu Henri IV, devenu comte de Salm. A court d’argent, il demande et obtient l’appui financier de l’évêque de Metz en 1246. En contrepartie, Ferri devient le vassal de l’évêque en 1247 mais conserve toutefois le donjon en alleu. Mort en 1255, sa femme Jeanne de Bar assure la régence.

tournoi

Henri Ier de Blâmont (à gauche)
au tournoi de Chauvency (1285)
Manuscrit du tournoi de Chauvency,
Jacques Bretel
L’essor du comté

C’est avec le règne de son fils Henri Ier de Blâmont (1264-1331), que la seigneurie de Blâmont prend son essor. Il fait l’acquisition de droits d’avouerie sur Saint-Sauveur, Deneuvre, Vic-sur-Seille et de fiefs à Moyen, Saint-Clément, Laronxe, Chenevières. Il édifie la tour des Voués à Baccarat en 1305, la maison forte de Magnières en 1311 et achète le château de Châtillon en 1324. A Blâmont, il construit l’enceinte de pierre du bourg entre 1290 et 1311 et agrandit le château. Il est sénéchal du duc de Lorraine jusqu’en 1309, date à laquelle il revend la charge au fils du duc. Enfin, il s’illustre plusieurs fois au combat, notamment en 1285 lors du tournoi de Chauvency.

L’apogée du comté

A sa mort deux de ses petits-fils lui succèdent, dont le second, Thiébaut Ier (1342-1376), qui devient homme-lige du duc de Lorraine Raoul en 1344. Pour le remercier de son rôle déterminant comme négociateur de la paix entre le duché de Lorraine, l’évêché de Metz et le comté de Bar, Raoul lui octroie en fief le château de Turquestein l’année suivante. Jean Ier de Lorraine le fait lieutenant du duché en 1366 et il reçoit en 1370 toujours des mains du duc les seigneuries de Fougerolles, Cornimont et le Val d’Ajol. Ses actions militaires souvent odieuses et malheureuses n’entamèrent pas son crédit d’habile négociateur et de diplomate et c’est sous son règne que la seigneurie de Blâmont atteint son apogée territoriale.

blason

Blason des sires de Blâmont :
de gueule aux saumons d’argent adossés

Les premières difficultés…

En 1382, Henri IV de Blâmont (1376-1421) et sa femme Valburge de Fénétrange fondent la collégiale Notre-Dame de Blâmont qui devient le lieu de sépulture du lignage.

A partir de la seconde moitié du XIVème siècle, les rapports entre les sires de Blâmont et les évêques de Metz se détériorent pour des raisons d’ordre financières principalement. Peu à peu, les sires se rapprochent donc de la famille ducale de Lorraine.

Dans la vassalité du duc de Lorraine…

Mais le mariage au début du XVème siècle, de Thiébaut II de Blâmont (1421-1431) avec Marguerite de Lorraine, soeur d’Antoine de Vaudémont, prétendant à la couronne ducale, oblige le duc à rappeler à Thiébaut ses devoirs de vassal. Ceux-ci seront d’ailleurs mis à contribution en 1431 lors de la bataille de Bulgnéville, où Thiébaut est blessé mortellement en luttant contre son beau-frère et ses alliés bourguignons.

Son fils Ferry II (1437-1493), lors de la bataille de Nancy en 1477, épilogue de la guerre entre les duchés de Lorraine et de Bourgogne, se borne à défendre son territoire car il est allié par sa femme Marie de Vienne à la maison de Bourgogne.

La fin de l’indépendance du comté

christine

Mais depuis la fin du XIVème siècle, les possessions des sires de Blâmont s’amenuisent suite à des partages successoraux, des ventes ou des legs si bien qu’en 1506, Olry de Blâmont (1504-1506), évêque de Toul, dernier descendant du lignage, lègue au duc de Lorraine René II la seigneurie de Blâmont. Le duc l’érige alors en comté, géré par un prévôt.

A partir de 1541, le comté constitue le domaine de Christine de Danemark, veuve du duc de Lorraine et régente du duché. Elle décide la construction, dans la basse cour à l’ouest du château médiéval, d’un palais de style renaissance. A la fin de l’été 1587, le château est assiégé par les troupes protestantes venues d’Allemagne, les reîtres, qui causent quelques dégâts, notamment par le feu. C’est sans doute peu de temps après ce passage qu’Hoefnagel réalise une gravure représentant le château et le bourg fortifié car on s’aperçoit que le donjon ainsi que certaines tours de l’enceinte urbaine n’ont plus leur partie sommitale.

La menace française

Le duc Charles III renforce alors la défense du site en l’adaptant à l’artillerie.
Comme tous les points fortifiés de Lorraine, Blâmont est attaqué par les troupes de Richelieu et de Louis XIII durant la guerre de trente ans : du 28 au 31 août 1638, les troupes de Bernard de Saxe-Weimar assiègent et incendient la ville, défendue par François de Klopstein. En novembre 1638, les troupes françaises démantèlent le château et l’enceinte urbaine à l’issue d’un second siège.

Les derniers vestiges du comté sauvés

Le château médiéval ne fut jamais rétabli et servit de carrière de pierres aux habitants avant d’être transformé par la famille De Turckheim en ruine romantique au XIXème siècle puis en jardins maraîchers. Par contre, le palais renaissance continua à être occupé pour être finalement détruit par les bombardements américains de l’automne 1944.

Une restauration en cours…

En 1991, l’association Clef de Voûte du Blâmontois est fondée. Le château lui est cédé en bail trentenaire par la mairie afin d’oeuvrer à la restauration et à la promotion du site par le biais de chantiers de jeunes bénévoles et l’organisation d’une fête médiévale, qui ont lieu chaque année.

Le château est inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 1993.

ANCIENNES

Vous souhaitez en connaître plus :

Un site riche en document ancien : http://www.blamont.info/anciens.html

L’histoire du Blâmontois par l’abbé Dedenon

Les sires de Blâmont, tome 1 et tome 2  par Edmond de Martimprey de Romécourt